retour vers les news de la saison
Depuis plusieurs jours déjà, Renault a fait le ménage à la tête de son écurie. Ciao Flavio. Bye Pat. Deux "démissions" exigées par l'écurie qui avaient pour objectif d'obtenir la clémence
du Conseil Mondial de l'Automobile. Contrition et plaider-coupable médiatiquement relayés. Regrets et remords devant les juges savamment étayés. Visiblement les "efforts" de Renault ont payé.
L'écurie risquait l'exclusion définitive, elle n'est condamnée que d'une suspension avec sursis de deux ans. Avec sursis ! Cela signifie que la sanction ne sera appliquée que si l'équipe se
rend de nouveau coupable d'une fraude comparable dans les deux années à venir. Il faudrait être foncièrement stupide pour recommencer, n'est-ce pas
?
Les juges ont motivé leur relative indulgence par l'existence de circonstances
atténuantes. Lesquelles ? Le jugement l'indique noir sur blanc :
- Renault F1 a, dès la première occasion venue, admis avoir commis ce complot dont on
l’accusait, et a coopéré pleinement pour le bien de l’enquête de la FIA ;
- Renault F1 a confirmé que Messieurs Briatore et Symonds étaient impliqués dans ce complot, et a fait en sorte qu’ils
quittent l’équipe ;
- Renault F1 s’est excusé sans hésitation auprès de la FIA et du sport, pour les dommages causés par ses actions - Renault F1 s’est engagé à payer les coûts induits par l’enquête de la FIA ;
- Renault (groupe automobile) s’est engagé à contribuer de manière significative aux projets de la FIA concernant la
sécurité.
Une sanction clémente mais compréhensible dans le contexte actuel. Certes, la cohérence
de la jurisprudence made in FIA en prend encore un coup, mais cela est tellement courant que s’en étonner confinerait à une extrême naïveté. Dans l’affaire qui nous occupe, des intérêts
extra-sportifs se superposent à la tricherie sportive. Crise économique et entreprise en danger, des centaines d’emplois auraient pu être sacrifiés par une sanction plus grande. La FIA n’a donc
pas été le bourreau de Renault. L'avenir de l'écurie en F1 ne dépend donc plus que de la décision de la firme française. A eux de voir ce qu'ils vont faire de cette deuxième
chance...
La première chose à faire va être de placer deux nouvelles personnes à sa tête. Car une
chose est sûre, ni Briatore ni Symonds ne reviendront prochainement au sein de l'écurie franco-anglaise, ni au sein d'aucune autre écurie de F1 d'ailleurs. Pat Symonds est interdit de toute
activité ayant un lien avec la F1 pendant 5 ans. La même interdiction frappe Briatore, mais là pour une durée illimitée, et pour toutes les activités relevant de la FIA (F1 bien sûr, mais aussi
la majorité des sports auto). Le jugement se veut ainsi plus clément envers le Britannique qui avait admis les faits, contrairement au fantasque Italien qui a même eu le culot d'intenter une
action au pénal pour chantage aggravé et semble-t-il dénonciation calomnieuse envers les Piquet père et fils.
Les Piquet justement. Piquet Sr lui n'a fait qu'allumer la mèche du scandale,
l'alimentant un peu plus chaque jour par ses déclarations médiatiques. Piquet Jr lui était plus qu'au cœur de la tricherie, puisqu'il en fut le bras armé. Un bras toutefois pas complètement
dénué de conscience et d'intelligence - du moins espérons-le pour lui - qui aurait pu et du répondre de ses actes. Mais l'immunité lui a été offerte contre son témoignage. Une pratique
semble-t-il courante devant le Conseil Mondial de l'Automobile. Le Brésilien est donc exempté de toute sanction disciplinaire. On ne peut toutefois pas dire qu'il sort indemne de cette histoire
puisque sa carrière sportive risque de s'en trouver définitivement compromise.
Au sortir de l'audience, l'ex-pilote Renault se déclarait soulagé et lançait un appel à
tous les patrons d'écurie. "J'ai appris des leçons très
difficiles au cours des 12 derniers mois – mais ce qui n'a pas changé, c'est mon amour pour la Formule 1 et l’envie d’y revenir. Mais je me rends compte que je dois recommencer ma carrière de
zéro. Je ne peux que souhaiter qu'une équipe puisse reconnaître à quel point j'ai été étouffé chez Renault et qu’on me donne l'occasion de concrétiser ce que j'ai promis au début de ma
carrière, en F3 et en GP2. Ce qui est sûr, c’est qu'il n'y aura pas de pilote en Formule 1 plus déterminé que moi à faire ses preuves. Je tiens à répéter que je suis vraiment désolé pour tout
ceux qui travaillent en Formule 1 – y compris les nombreuses personnes compétentes chez Renault, les fans et le Conseil Mondial de la FIA. Je ne pense pas que je sois pardonné ou oublié, mais
au moins maintenant, les gens peuvent en tirer des conclusions basées sur ce qui s'est réellement passé."
L'immunité du pilote brésilien a déjà suscité des réactions au sein de notre rédaction. Acteur de la tricherie, qu'il a acceptée et exécutée, puis délateur, non pour des raisons de conscience
qui chatouille, mais pour régler ses comptes avec "son bourreau", une sanction de principe aurait été bienvenue pour certaines d'entre nous. On peut toutefois se dire que le coup porté à son
image et à son intégrité de pilote est déjà en soi une sanction puisqu'il semble aujourd'hui difficilement concevable de le voir à nouveau au volant d'une F1.
C'est d'ailleurs sans doute en terme d'images que toute cette affaire aura été la plus
dévastatrice. Avant l'audience, Ari Vatanen, candidat à la présidence de la FIA, prônait la clémence envers Renault puisqu'il estimait que la mauvaise publicité engendrée par le "crashgate"
était déjà en soi une punition importante. L'écurie adopte d'ailleurs un profil bas depuis une semaine et doit déjà travailler à restaurer sa crédibilité. Un communiqué officiel indique :
"Aujourd’hui, nous
acceptons pleinement la décision du Conseil. Nous présentons toutes nos excuses, et ce sans réserve, auprès de la communauté de la F1 par rapport à ce comportement inacceptable. Nous espérons
sincèrement être bientôt en mesure de mettre cette affaire derrière nous et nous concentrer sur le futur de manière constructive."
Un choix de mots qui laisse à penser que Renault pense continuer l'aventure F1. Ce que
Max Mosley, interrogé sur l'avenir de l'écurie, croit également. La firme devra quoi qu'il arrive tenir ses engagements envers la FIA en contribuant aux projets de celle-ci en matière de
sécurité et l'environnement. Le jugement ne précise pas si cette contribution sera seulement financière ou portera sur de la recherche et développement.
Le verdict est donc finalement assez consensuel, semblant vouloir satisfaire toutes les
parties. Comme nous le suggérions, la montagne a accouché d'une souris. Deux personnes limogées, c'est un minima pour une telle faute ! D'autant que peu de personnes regretteront Briatore.
Ultime effet ricochet de son exclusion : ses pilotes vont devoir se trouver un nouveau manager sous peine de ne pas se voir renouveler leur super-licence. Cela ne devrait pas poser trop de
problème...
Parmi ces pilotes, le dernier protagoniste de cette affaire : Fernando Alonso. Il s'en
tire avec les félicitations du jury pour son témoignage. Totalement blanchi, sa victoire n'est pas annulée et son honneur est officiellement rétabli.
Voilà qui conclut officiellement cette rocambolesque histoire. Le débat va continuer
encore sur la toile ou autour d'un verre, entre fans. Mais dès vendredi, sur la piste de Singapour (et oui !), le sport reprendra sa place. Ouf !
trés bon article....

Bonne semaine à tous......
lorent