Pilotes italiens chez Ferrari
Fratelli d'Italia
Un pilote italien chez Ferrari, quoi de plus logique ? Mais avant Badoer et Fisichella, il fallait remonter à Nicola Larini (remplaçant de Alesi, blessé, pendant deux courses en 1994) pour trouver la trace d'un Transalpin dans une voiture rouge.
Très patriote, Enzo Ferrari a longtemps donné la priorité aux pilotes italiens. Son pilote fétiche est d'ailleurs longtemps resté Tazio Nuvolari, qui pilotait pour la Scuderia Ferrari dans les années 1930, à une époque où elle était le bras armé officiel d'Alfa Romeo en compétition. Au sortir de la guerre, les pilotes italiens de talent sont légion et continuent de se succéder dans les écuries italiennes et bien entendu chez Ferrari. Le plus brillant d'entre tous ? Sans nul doute Alberto Ascari, qui survole les saisons 1952 et 1953 avant de rejoindre Lancia pour une histoire de gros sous. Ascari reste à ce jour l'unique pilote italien à avoir remporté la couronne mondiale au volant d'une Ferrari. Dans les années qui suivront, Enzo Ferrari n'aura de cesse de lui chercher un successeur, mais sans réussite. Les jeunes Eugenio Castelloti et Luigi Musso, beaux et talentueux, incarnent à merveille la relève italienne, mais tous deux se tueront au volant d'une voiture rouge en 1957 et 1958.


Ce n'est pourtant pas faute pour la presse italienne de faire campagne en faveur de ses représentants. Excédé de voir sa présence chez Ferrari régulièrement remise en cause, "l'étranger" Niki Lauda ira jusqu'à dire en 1975 : " Les pilotes italiens ? Tout juste bons à faire crisser les pneus de leur Fiat 500 autour de l'église de leur village."
Une phrase vacharde mais pas totalement sans fondement. Car si Ferrari boycotte si facilement les pilotes italiens, c'est aussi parce que les talents locaux se font rares durant les années 1970. Pragmatique, Enzo Ferrari n'hésite d'ailleurs pas à changer son fusil d'épaule quand il constate l'émergence du prometteur Michele Alboreto, qu'il recrute en 1984. L'année suivante, Alboreto tient toute l'Italie en haleine lorsqu'il s'empare de la tête du championnat à mi-saison après être sorti vainqueur d'un duel au sommet avec Alain Prost sur le Nurburgring. A ce jour, il s'agit de la dernière victoire d'un pilote italien sur une Ferrari. Une fin de saison catastrophique oblige "Albo" à se contenter de la deuxième place du championnat. Jamais il ne se remettra de cet échec et de l'extrême déception provoquée dans son pays.

Capelli est le dernier pilote italien a avoir été titularisé à temps complet chez Ferrari. En 1993, Jean Todt prend les commandes de la Scuderia et l'un de ses premiers objectifs est de limiter l'influence déstabilisatrice de la presse italienne. Conscient du "casino"* qu'est susceptible d'engendrer la présence d'un pilote italien du côté de Maranello, il ignore systématiquement les appels d'offre de Fisichella, dont le talent n'a rien à envier à Irvine et Barrichello, mais que les médias auraient sans doute vu avec moins de complaisance se glisser dans le costume du bon petit lieutenant aux ordres.
Après près de 10 ans d'attente, Giancarlo Fisichella a enfin l'occasion de réécrire l'histoire à partir de ce week-end.
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*"casino" est le mot italien pour dire "bordel", "foutoir"
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