Afin de mieux comprendre le travail au sein du bureau d’études, nous avons eu droit à une démonstration du logiciel
de CAO. Évidemment, ce n’est pas la R29 que nous avons pu examiner, mais la R26 championne du monde. Le logiciel nous permet de voir différentes pièces et de comprendre comment fonctionne la
coordination en temps réel entre Viry et Enstone.
Le plus «fun» pour moi dans cette démonstration fut de voir la monoplace passée au scanner pour nous dévoiler son
squelette. A l’avant, on passe vite, il n’y a pas grand chose à voir. Au niveau de l’assise du pilote, on voit parfaitement le réservoir entourer complètement le baquet. Évidemment, sur la
R26 il n’y avait pas de KERS, mais l’ingénieur nous montre où il serait placé, soit en gros, sous les fesses du pilote. Décidément, on fait vraiment plus confortable comme poste de conduite !
D’autant qu’il nous est confirmé que le siège est vraiment vraiment très dur. Pauvres
pilotes…
On continue de remonter le long de la monoplace et on arrive sur le moteur avec les échappements bien visibles, puis
pour finir, c’est l'imposante boîte de vitesses ; boîte conçue non pas à Viry-Châtillon, mais à Enstone, raison de plus pour travailler en parfaite coordination entre les 2
usines.
Le petit plus supplémentaire est que nous avons à un mètre de nous un V10 qui nous permet de voir « en vrai » ce qui
nous est montré sur l’écran. Du coup, c’est très facile de suivre le discours de l’ingénieur… même sans avoir fait de mécanique1 !
Une autre animation nous permet de voir toute l’aéro de la voiture avec les éléments aujourd’hui disparus en rouge,
et les éléments modifiés en jaune… L’occasion de voir qu’en 3 ans seulement, c’est une énorme proportion de la carrosserie qui a été touchée par les évolutions réglementaires. Ces changements
ne sont pas sans conséquence pour le moteur, car ainsi que nous l’explique l’ingénieur, les nouveautés aéro ont entraîné de gros changements pour le refroidissement avec la disparition de
petites cheminées qui équipaient la R26 notamment.
On parle beaucoup de la recherche de légèreté en F1. Le poids minimal autorisé est de 605kg, voiture + pilote. Chaque
kilo en plus, c’est des millièmes voire des centièmes de seconde de plus au tour… et sur une course, ça se voit fortement ! Du coup, les écuries cherchent à ne pas dépasser ce poids minimum…
tout en recherchant le meilleur équilibre grâce aux lests savamment dispatchés dans la monoplace. Les pilotes ont fait les frais de cette politique : plusieurs kilos en moins pour tout le
monde… ils n’étaient déjà pas bien épais avant cela ! Les pilotes soumis à une forte diète et plus légers, c’est bien pour l’auto, mais il ne faudrait pas que cela se transforme en dérive et
en course aux kilos… Pilotes anorexiques, ça ne serait vraiment pas glamour !
La chasse aux kilos doit donc surtout porter sur la voiture. Bien sûr, le carbone est très léger. Une pièce
comme le capot moteur ne pèse que 15 kg par exemple. Mais cela vaut pour tous les éléments de la voiture, le moteur ne fait pas exception. Il faut avoir eu dans ses mains des pièces de moteur
(bielles, trompettes, soupapes, etc.) pour vraiment se rendre compte de leur légèreté. C’est étonnant !
Pour ma part, j’ai complètement craqué sur les soupapes… toutes mimi avec leur fine couche de carbone ! J’adore
!
Le plus inattendu
Après le bureau d'études et l'atelier de montage, nous passons devant des moteurs mythiques : les fameux moteurs
turbo. Impressionnant !!! De monstres mécaniques...
A la fin de la visite, nous nous trouvons nez à nez avec 7 moteurs. Pas n'importe quels moteurs, 7 moteurs
champions du monde !
Les 6 premiers datent des années 90, se sont les 6 moteurs qui ont remporté les 6 titres constructeurs mondiaux entre
1992 et 1992 avec Williams et Benetton (1995). 5 de ces titres étaient accompagnés du titre pilote : Mansell, Prost, Schumacher, Hill et Villeneuve.
Le 7ème moteur est le RS26 qui a remporté le titre constructeur et pilote avec Alonso.
L'inattendu ce n'est pas le palmarès de Renault. C'est la différence flagrante qui peut exister entre les moteurs.
Même une néophyte comme moi ne peut faire autrement que voir l'évolution "physique" des moteurs. La forme, la taille, les matériaux... tout a évolué.
Le plus flagrant ? La quasi omniprésence du carbone aujourd'hui !
Le plus impressionnant
Sans conteste les bancs d'essais !
L'un des bancs fonctionnait à notre arrivée. Nous avons donc vu et entendu le moteur fonctionner seul, relié à des
machines. Le spectacle du moteur "nu" dans cette salle vitrée et insonorisée m'a fait penser à une chambre d'hôpital genre soins intensifs, réa, ou cabine de scanner, avec plein de machines
autour du lit.
Les deux personnes présentes sur le banc nous expliquent qu'elles testent les bobines d'allumage. Une fois arrivé à
température, le moteur est lancé jusqu'à 18000 tours minute, la limite cette année. Sur les écrans des courbes de toutes les couleurs et de toutes les formes dansent. Évidemment, je ne
saurais dire à quoi ça correspond, et je reporte mon attention sur le moteur derrière la vitre.
Pour nous montrer la chaleur qui se dégage du moteur, notre guide éteint la lumière de la salle, et en quelques
secondes, couleur orange-rougeâtre, apparaissent les échappements.
Cette couleur feu est impressionnante et captivante. J'avais presque l'impression entre le bruit et cette couleur
chaude, de voir un animal se réveiller ou prendre vie. C'est réellement impressionnant, voire fascinant. J'en profite vraiment, car je sais que je n'aurais pas de sitôt l'occasion de revoir
ce spectacle.
Le plus "clin d'oeil"
A la fin de la visite, nous parcourons un couloir avec des très belles photos, originales ou drôles, dans lesquels
des grands champions ayant couru avec un moteur Renault sont mis en scène de façon inédite.
Nous n'avons pas trop le temps de nous attarder et nous entrons dans la dernière pièce. Une
pièce rappelant toute l'histoire de Renault en F1. Un petit salon en quelque sorte, avec dans les vitrines des trophées remportés par l'équipe, et notamment les 2 trophées de Fernando Alonso
remportés en 2008. L'un d'eux représente une nouvelle page d'histoire : la coupe de Singapour, celle du premier vainqueur de la première course nocturne de F1 !
Le plus original de cette pièce, est un mur entièrement réalisé avec des culasses peintes en argent. Très marrant !
Une touche artistique...
Enfin, un mur est entièrement recouvert de portraits en noir et blanc... Ce sont tous les pilotes qui ont un jour
couru avec un moteur Renault. Le mur est plein... mais il manque encore quelques pilotes dont Vettel !
On parcourt tous ce mur des yeux, étonnés de voir des visages parfaitement inconnus côtoyer des figues mythiques de
la F1...
C'est une belle conclusion à cette visite.
Enfin, le plus rassurant
La F1 reste la F1. Et malgré toutes les contraintes de règlement, malgré l'impression d'avoir toujours atteint les
limites, toutes les équipes de Renault, et toutes les écuries, cherchent toujours et trouvent chaque fois un moyen de dépasser les limites et de faire encore mieux...
En entrant dans l'usine, nous étions encore dans la crainte de la disparition de la F1 à cause de la guerre FIA /
FOTA... En rentrant chez moi, après cette visite, l'armistice était signé... Deux raisons d'être rassurée et de croire que je pourrais encore vivre ma passion pendant quelques
années.
Un grand merci à Renault F1 et à tous nos interlocuteurs pour avoir choisi Fémin-F1, pour nous avoir accordé
du temps et pour m'avoir offert l'incroyable opportunité de voir un peu les coulisses de la F1. Merci encore.
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